Portrait : José, Gardien du temps…


Gardien du temps…ou l’histoire extraordinaire de José Bruckert !

Ce lorrain de naissance, de Laxou précisément, a rejoint la Gironde dès la toute petite enfance. Il découvre le rink hockey à l’âge de 13 ans, à l’ASPTT de Bordeaux, alors que les parents résident à Mérignac. C’est le début d’une très longue histoire d’amour avec ce sport, qui n’a aucune racine dans l’Est de la France.
José Bruckert ne sait alors pas, à ce moment là, qu’il va débuter une incroyable carrière qui dure depuis 35 ans, dont 26 dans le seul club de Coutras. Il jouera gardien, et ne quittera plus jamais sa cage. Il arrête tout, même le temps. A 48 ans, aujourd’hui, il garde toujours les buts de la Nationale 3 Coutrillonne. A-t-il un secret pour durer ? Il nous délivre la réponse, sans détours.
Alors que vous évoluez dans un club peu connu, comment vous retrouvez-vous à Coutras ?
Les dirigeants sont venus me chercher. Ils m’ont proposé un logement, et un travail sérieux, alors que j’étais dans une situation professionnelle un peu précaire.
Vous n’avez pas hésité ?
Pas un instant, je n’ai pas réfléchi. J’étais trop fier d’intégrer un club aussi prestigieux. Et puis je passais de la N3 à l’Elite (N1 à l’époque).
Vous y faites votre place ?
Exactement, et à 19 ans je me retrouve titulaire du poste de gardien, au plus haut niveau.
Et cette aventure dure combien de temps ?
Pas longtemps en Elite, puisque le club descend en N2, pendant 4 ans. Mais la remontée est assurée, grâce à un groupe de très bons joueurs. Là, je vais avoir la chance de côtoyer des garçons qui auront une grande influence sur la suite de ma carrière. Je pense, notamment aux frères Ducourtioux, Lallet, Billeau, Foucaut. Nous connaîtrons aussi, la coupe d’Europe, et je vis un rêve. Dans le même temps, je suis détaché de mon emploi de fonctionnaire, le mercredi après midi, pour assurer l’école de patinage et de rink. A ce sujet, je suis fier de retrouver, aujourd’hui, des joueurs et joueuses de haut niveau, dont j’ai suivi l’évolution, à l’école.
Et l’aventure du haut niveau s’arrête à quel moment ?
Lorsque j’atteins l’âge de 35 ans, j’éprouve le besoin de souffler un peu. J’arrête une saison, mais j’ai le mal de ce sport. Je veux reprendre pour deux ans encore, et ma carrière de joueur de haut niveau va s’arrêter ensuite.
Mais vous n’en avez pas fini avec le rink hockey ?
En effet, je reprends le collier en N3. Mais le club va faire appel à moi pour devenir entraîneur en Elite. Je partage le poste durant quatre ans avec Séba Cano, qui lui, demeure joueur. J’ai conscience de vivre une très belle expérience, mais le plus beau est à venir.
C’est-à-dire ?
Le club engage un préparateur physique, Vincent Meynard, pour venir m’épauler. Je vis une expérience magnifique, qui dure deux ans, et qui se conclut par deux titres de champion de France (2010 et 2011), et la double participation à la champion’s league. Je suis un peu sur un nuage.
Et vous poursuivez l’aventure, seul ?
Oui, la réussite n’est pas totalement au rendez-vous, parce que nous avions perdu deux joueurs essentiels (Garcia et Fernandez). Mais nous disputons, néanmoins, la coupe d’Europe.
Le jeu vous démange alors, vous redevenez joueur.
Oui, je reprends en N3, et nous disputons les phases finales nationales, deux ans de suite (2013 et 2014).
Vous l’êtes toujours, alors que vous avez l’âge d’être le père de la plupart des autres joueurs ?
C’est ça, mais ça ne me dérange pas, je veux transmettre ce que j’ai appris ici, au contact de grands joueurs. J’assure, en même temps, l’entraînement des gardiens de l’Elite, deux fois par semaine.
Quel meilleur souvenir garderez-vous de votre carrière ?
Sans hésiter, les deux titres de champions de France.
Et le pire ?
La descente en N2.
Des regrets ?
Au moins un, celui de n’avoir pas été champion de France en tant que joueur.
Et des remords ?
Celui de n’avoir pas fait l’effort, au bon moment, qui m’aurait permis d’être international.
Qu’est-ce qui vous manque, pour que vous puissiez dire que votre carrière est pleinement réussie ?
Aujourd’hui, honnêtement rien. Je ne revendique rien, je suis un homme comblé.
Comment fait-on pour durer aussi longtemps, et surtout rester fidèle, 26 ans durant, au même club ?
Il n’y a que l’amour qui le permet. L’amour de ce sport, l’amour des gens qui composent ce club. Et puis, on est venu me chercher, on m’a tendu la perche à chaque fois qu’il le fallait, je ne peux pas oublier.
Votre carrière peut s’arrêter à quel moment ?
Lorsque mon corps me le dira. Pour l’instant, il ne me parle pas.

Propos recueillis par Francis.

José

Un dur au coeur tendre. Merci José pour ta fidélité. C’est Milou qui avait été te chercher.

Que de souvenirs, que d’amitié.

Je t’embrasse. Claude.

José gardien

Toujours bon pied mais surtout bon oeil.